FEMMES ET ALPINISME - La Tribune Libre


FEMMES ET ALPINISME
Par MJP
19 septembre 2018

Comme ça arrive trop souvent, le mot « femme » accolé à un autre forme un duo oxymorèsque et femmes et alpinisme en est un. Nous sommes au début du XIXème siècle.
L'alpinisme commence à être pratiqué ; c'est un sport d'extérieur, rude voire dangereux, très masculin. Le statut de la femme est plutôt d'être dans la maison ; elle doit être concentrée sur les tâches ménagères et se consacrer aux enfants et au mari, accomplir ses devoirs à côté de son époux plutôt qu'avec lui et soumise à ses ordres. Et voilà que des femmes veulent aussi connaître l'ivresse des sommets.  

Voici deux clins d'oeil.

 Claude LANZMANN vient de mourir et il a raconté son histoire d'amour avec Simone de Beauvoir qu'il qualifie d'amour absolu. Sa compagne faisait de la montagne et lui n'était pas trop sportif !!! Et le journal LIBERATION, dans un numéro dédié à ce grand personnage, en parle ainsi : «Lanzmann aime en elle la femme de tête qui le mène avec détermination en haut du Cervin... »

 Fanny BULLOCK WORKMAN est une alpiniste chevronnée qui a notamment fait ses
armes en Himalaya. Elle a gravi le Siachen au Pakistan et à 6900 m, elle se fait photographier avec
son piolet au bout duquel elle a accroché une affiche du mouvement suffragiste américain : « votes
for women ». Nous sommes en 1911.

 Cette histoire et bien d'autres sont compilées dans un ouvrage de Agnès COUZY,
« FEMMES ET ALPINISME » qu'elle a édité en 2008 aux éditions HOËBEKE. Elle a recensé 18
femmes qu'elle considère comme ayant marqué l'histoire de la conquête des cimes par les femmes
depuis les débuts.
 Quelle histoire, me direz-vous ? Je vous réponds : citez moi un nom de femme alpiniste ? En
ce qui me concerne, je ne connaissez avant de lire ce livre que Catherine Destivelle, alpiniste férue
d'escalade qui est ma contemporaine. Autre question : quelle est la première femme à avoir gravi
l'Everest ? Vous avez un quart d'heure pour répondre alors que vous avez certainement une idée du
premier vainqueur masculin, non ?

 Vous ne savez pas répondre ? Et bien ce n'est pas étonnant. L'histoire de la participation des
femmes dans ce sport si particulier a toujours été ignorée quand elle n'était pas dévalorisée. Ce sport
très masculin n'était pas destiné aux femmes et si elles ont réussi de nombreux exploits, ce fut dans
la plupart des cas, des exploits à plusieurs facettes : réussir contre la montagne, contre les hommes.
Ce livre nous dévoile quelques noms et les conquêtes qu'elles ont réalisées.

 Et ce qui m'a intéressé à travers ces biographies c'est justement de comprendre tous les
obstacles liés à leur genre qu'elles ont dû dépasser pour se consacrer à leur passion. A travers
ces histoires individuelles, on suit aussi la naissance d'un sport qui est très récent – 1860 -, qui a
énormément évolué en peu de temps : au début, c'étaient les massifs alpins qui fascinaient et étaient
l'objet de multiples cordées pour être les premiers, en été, en hiver, seule ou en cordée, première de
cordée, avec ou sans guide, etc. et en 2018, c'est qui ira le plus vite pour faire les 14 huit mille qui
se trouvent tous en Himalaya. On passe de 4807 m pour Mont Blanc en 1786 à 8850 m pour
l'Everest en1953 ! A peine deux siècles séparent les deux ascensions et on n'est plus la même
catégorie...... Et les femmes ont été présentes toujours mais en tout petit nombre et vite oubliées.
L'amélioration des moyens techniques a été telle que si l'ascension du Mont Blanc est un exploit en
1838, aujourd'hui, à chaque saison, des centaines de candidatEs se pressent dans les refuges pour
s'élancer jusqu'au mont mythique. Elles ont donc su accompagner l'évolution de l'alpinisme en
moins de deux siècles, démontrant systématiquement qu'elles avaient toutes les qualités requises
pour faire de la montagne. Mais le rouleau compresseur du patriarcat les a fait aussitôt retomber
dans l'oubli.

 Tout d'abord, à cette époque, comment imaginer qu'une femme puisse un seul instant
envisager de grimper des montagnes. Avant 1808, date de la première ascension par Marie
PARADIS, paysanne de Chamonix, aucune femme n'est à signaler en montagne. A partir de 1860,
cette activité devient à la mode pour ces messieurs.

 Et le premier obstacle à vaincre pour faire de la montagne, ce sont eux ! La bataille fut rude
pour Henriette d'Angeville qui monta une expédition en 1838. Le sentiment masculin fut résumé par
un article paru dans le journal suisse «Fédéral» du 11 septembre 1838 : «que le Mont Blanc doit être
bien humilié d'avoir vu son sommet atteint par un pas de femme »... et si les premiers hommes
Saussure et Balmat à avoir gravi ce mont mythique ont leur statue à Chamonix, aucune oeuvre n'a
été consacrée à Marie Paradis ou Henriette d'Angeville dont l'exploit avait passionné l'opinion à
l'époque et sont complètement oubliées aujourd'hui.
 Autre méthode : la course était dévalorisée si elle était faite par une femme. Cela devenait
« une course pour dames ! » Quand Henriette d'Angeville réussit son exploit, le syndic des guides
lui adressa le compliment suivant : « Sans doute, Mademoiselle, vous avez eu un grand mérite à
aller au Mont Blanc, mais il faut convenir que le Mont Blanc en aura bien moins maintenant que les
dames y montent ».

 Dans l'organisation même de ce sport,les clubs alpins ont longtemps été interdits aux femmes, jusqu'en 1974 pour le club alpin anglais, alors qu'elles ont largement fait leurs preuves. La
conséquence est qu'elles ne pouvaient signer un récit dans la revue du club. Elles ont trouvé la
solution en créant leurs propres clubs. George Sand fera partie des fondatrices du club alpin
français. Un chien eu cependant cet honneur en 1876 : Tschingel, chien de Margaret Brevoort, fut
admis comme membre honoraire de l'Alpine Club pour ses exploits en montagne !!!! Aucun
commentaire.

 Ce qui est paradoxal car les hommes n'ont pas forcément remis en question les qualités
physiques des femmes pour être alpinistes. Début du XXème siècle, un guide suisse parmi d'autres
explique : « les femmes grimpent aussi bien que les hommes. La plupart des femmes n'ont pas
autant de force dans les bras et les épaules que les hommes et, vu leur plus faible poids, ne peuvent
porter des charges aussi lourdes. A par cela, elles compensent par un meilleur équilibre sur les
pieds, et une plus grande souplesse. Mais leur force principale réside dans leur moral. Les hommes
paniquent souvent quand les choses tournent mal alors que les femmes gardent leur sang-froid. Pour
moi, elles ont un plus grand sens de la survie. Et je sais qu'elles sont plus enthousiastes. »
Car elles avaient beaucoup à gagner à se libérer de la tutelle de la société en général, des
hommes en particulier : briser les conventions leur permettait de trouver un espace de liberté
inconnu jusque là et que nulle autre activité pouvait leur procurer et elles entendaient bien en
profiter.

 Le New York Times écrit ainsi en 1900 : « la façon d'être des femmes anglaises est étrange.
Elles sont probablement les plus assujetties aux conventions qu'on puisse être mais quand elles les
brisent, c'est comme une vraie vengeance ! » Il pensait à Gertrude Bell, alpiniste anglaise intrépide.
Acquérir cette liberté oblige à faire des choix qui ne sont pas demandés aux hommes :
Sur un plan vestimentaire, c'est une vraie révolution qui a permis aux femmes de porter le
pantalon. Et ça n'allait pas de soi tant le port de ce vêtement était considéré comme indécent chez
une femme. Marie Paradis a fait l'ascension du Mont Blanc en jupe longue. Félicité Carrel qui
voulait être la première femme à gravir la voie italienne du Cervin en 1867 dut renoncer à terminer
l'ascension de peur que le vent s'engouffre sous sa crinoline et la fasse s'envoler !!!
Alors l'astuce était de partir en robe et dès qu'on était loin du village, on mettait le pantalon
et on laissait les vêtements de ville sous une pierre !!! On raconte l'anecdote suivante « Même
l'autoritaire Elizabeth Burnaby-Le Blond se pliait à cette convention en 1890. Mais il arrivait que la
jupe cachée sous une pierre soit emportée par une avalanche ou reste introuvable. C'est ainsi qu'elle
dût un jour envoyer son guide à son hôtel afin qu'il lui ramène une tenue décente. Mais il rapporta
par erreur une robe de soirée et l'alpiniste, tremblante d'être reconnue, se faufila une fois la nuit
tombée dans les rues de Saint Moritz. »

Pour marcher, les alpinistes utilisaient un alpenstock, très long baton qui fut remplacer par la
suite par le piolet. Les femmes devaient conjuguer alpenstock et crinoline...
Il fallait êtreGeorge Sand pour marcher sur la Mer de Glace à Chamonix en pantalon !
La promiscuité naturelle de ce sport allait à l'encontre de tous les codes « de bonnes
conduites » de cette époque ; accrochée aux rochers, calée dans des positions acrobatiques, il fallait
gérer les relations d'une autre manière dictée par la montagne. Sur un plan hygiène, cette même
promiscuité a obligé femmes & hommes à adapter leur comportement pour que les besoins
élémentaires soient satisfaits de part et d'autres..... quand l'équipe est en cordée ou dans des
passages perilleux. C'est vrai qu'il était parfois difficile de rester propre dans des ascensions en
haute altitude, quand la pente est trop raide, que l'eau est gelée, que l'auberge ou le refuge est sale.
Faire de l'alpinisme, c'est marcher de très longues heures jusqu'à 45 h parfois, savoir planter une
tente près d'un glacier, endurer des tempêtes ou des orages en montagne, bivouaquer sous les
rochers .....

Sur le plan des canons de beauté, l'époque est au teint pâle, aux évanouissements de
circonstances. Alors, imaginez une femme au visage bronzé à la montagnarde, les mains calleuses
et les coups de soleil sur le nez !!!!....
Faire de la montagne exigeait d'être riche ; ce constat vaut aussi bien pour les hommes que
pour les femmes, mais celles-ci étaient sous la tutelle de leur mari, frère ou père et c'était une
barrière supplémentaire à lever pour pouvoir disposer de l'argent nécessaire aux expéditions. Cela
explique certainement que nombre d'entre elles étaient célibataires, veuves ou alors mariées avec un
homme qui partageait leur passion de la montagne.

Autre choix à faire, celui d'être mère... ou pas. Sur les 18 femmes, la moitié a fait le choix
de ne pas avoir d'enfant, voir un seul. La maternité a souvent été synonyme d'abandon de
l'alpinisme. La pratique de la montagne signifie beaucoup de temps, une saisonnalité qui fait que
les ascensions se font l'été, même si la pratique des courses hivernales s'est développée. Une
expédition dans l'Himalaya peut prendre deux à trois mois ; le facteur météo est d'une extrême
importance. Et l'implication dans ce sport, la prise de risque, la dangerosité (car on entend encore
régulièrement des avis de décès d'alpinistes décédéEs en montagne) ont été plus fort que la vie
d'une mère avec ses enfants au foyer.

De plus le côté « compétition » a beaucoup façonné l'alpinisme : arrivéE le ou la première,
avec tous les enjeux que cela représente et encore à ce jour, des luttes pour faire une ascension en
un minimum de temps sont toujours d'actualité, maintenant que la plupart des principaux sommets
du monde ont été conquis.Les femmes ont aussi été dans ce trip et le combat très médiatisé à
l'époque, de la coréenne OH-EUH-SUN et de l' espagnole EDURNE PASABAN qui se disputèr ent
la primauté d'avoir fait les 14 huit mille la première en 2010 en est un exemple récent...
Par contre, en lisant ces biographies, je n'ai pas rencontré de femmes obsédées par le
nationalisme tel que les hommes ont pu le porter. Nombre d'entre eux ont lié conquête sportive à
conquête territoriale : planter un drapeau au sommet et représenter son pays. Je vous cite Claude
KOGAN qui, arrivée tout en haut, cachera dans la neige d'une montagne péruvienne qu'ellevient de
vaincre la première, un petit médaillon qui protège la photo de son mari mort sept mois plus tôt. Il
était aussi alpiniste et le couple avait fait le projet de réaliser cette première.

Face à ce monde hostile des hommes à leur égard, les femmes se sont aussi organisées en
cordée uniquement féminine. Elles ont enfin trouvé la liberté qu'elles recherchaient tant en
montagne en se débarrassant aussi du pouvoir pesant de leurs congénères. Entre femmes, le principe
est que chacune puisse être première de cordée à tour de rôle. Il n'y a pas de hiérarchie,
contrairement aux autres cordées. D'emblée, dans une cordée mixte, l'homme est supérieur à la
femme dans la majorité des cas, cette supériorité se traduisant aussi par de la condescendance, de la
sollicitude dont les femmes ne veulent pas. Néa MORIN explique : « Il est vrai que grimper sans
guide présente des désavantages : sac lourd, erreurs d'itinéraires, méfiance et mauvais accueil des
guides. Mais rien ne vaut le plaisir d'avoir trouvé la voie seule ! » Et une cordée féminine a réussi le
premier huit mille en 1959 en atteignant le sommet du Cho Oyu. Un article de la Dépèche.fr du 18
avril 2016 évoque la performance des femmes alpinistes népalaises qui ont organisé une expédition
100 % féminine pour vaincre le K2, deuxième sommet du monde après l'Everest.
Ces messieurs ont aussi fait obstacle à cette pratique, se considérant « humiliés » lorsque
deux femmes réussissent à les devancer dans l'ascension du Grépon en 1929. Elles sont obligées de
trouver de multiples subterfuges pour pouvoir partir en « manless » soit « sans homme ». Ces
messieurs multiplient les obstacles et tous les arguments sont bons pour dévaloriser cette pratique :
les femmes ne sont pas assez attentives déjà pour être première de cordée, veulent à tout prix les
accompagner pour assurer leur sécurité dont elles n'éprouvent nul besoin. Au fond d'eux, ils ont
surtout eu peur qu'elles soient capables de se passer d'eux... Même les médecins s'opposaient, leur
entourage masculin n'hésitait pas à les admonester. Et puis les conventions ! Pensez donc, partir
sans son mari ? Elles-mêmes ont eu des doutes sur leurs capacités malgré leurs palmarès
remarquables et cela explique certainement le fait que les femmes soient en si petit nombre à
affronter les cimes.... et les hommes !!!
Maintenant, cette formule est encouragée pour faciliter l'accès de la montagne aux filles. Au
XXIème siècle encore, sur les 1500 guides de haute montagne recenséEs en France, une dizaine est
féminine.... Je vais vous lire l'article suivant qui permet de bien comprendre ce que ressentent les
femmes :
« Nous voilà au cœur de l'objectif qui guide toutes ces équipes : conquérir son
autonomie.Toutes les pratiquantes sont unanimes ; elles ont beaucoup plus progressé ici que dans
les formations mixtes. Progrès techniques et évolution dans la confiance en soi. « Jamais je n 'aurais
imaginé il y a cinq ans pouvoir emmener des copines dans une course sur l'arête des Cosmiques », ,,
ajoute Alice Grenier. _-? Même sentiment pour Emilie Fourot, engagée dans la troisième promo du
GFHM (groupe féminin de haute montagne) qui prépare une expédition dans les Andes : « J'avais
hésité à m'inscrire à la sélection. Je doutais de mon niveau. Je crois que c'est un truc de filles de
douter de sol! C'est mon copain, aspirant-guide, qui m'a donné le déclic. Il voit bien comment des
filles déjà très fortes attendent d'être « super » fortes pour se présenter au probatoire. » Toutes
racontent avec passion leurs expériences, l'entraide, la bonne humeur et ces courses en montagne où
la grimpe en réversible -changement de la première de cordée après chaque longueur de corde- est
de rigueur, quel que soit le niveau de chacune des protagonistes. Dans les groupes Jeunes, elles
étaient souvent l'unique fille sélectionnée. Pas facile alors d'évoluer vers le haut-niveau quand on est
un peu moins forte que les garçons ou avec le sentiment d'être un peu moins douée qu'eux. «
J'aurais aimé participer à un groupe Espoir. Être aujourd'hui dans un groupe « Filles », c'est encore
mieux!, s'enthousiasme Anabelle Attia, aide-gardienne au refuge de Presset, et référente de l'équipe
pyrénéenne d'alpinisme féminine (EPAF). C'est bien de commencer la montagne avec des garçons
Maîs quand une fille est avec des gars, elle ne se pousse pas trop Je passais souvent derrière en
terrain technique J étais a l'aise en position de second, maîs je ne savais pas ce que je valais en tête
» Aujourd'hui Anabelle connaît ses capacites et ses envies Ingénieur de formation, elle va devenir
accompagnateur pour vivre de sa passion « Faire partie d'un groupe de filles, c'est être sûre de
passer en tête A la fois parce que, dans les cordées mixtes, certains mecs ne nous laissent que les
passages faciles Maîs aussi parce qu'on a tendance a se cacher derrière eux pour la prise des
decisions C est d'instinct, c'est naturel », confie Sarah Mouchet, une des « GAFeuses » (Groupe
alpin féminin Haute-Savoie) Rien n'est instinctif m naturel au sens premier des mots, dans ces
attitudes « On touche ici les processus de socialisation différenciée, sexuée, qui commencent des le
plus jeune âge et qui font qu'on apprend, garçon comme fille, a intérioriser un certain nombre
d'attentes pour devenir homme ou femme Les travaux de Sylvie Ayral montrent d'ailleurs
parfaitement combien les garçons sont davantage touchés par des injonctions fortes a la prise de
risque dont le coût se manifeste a travers les chiffres de l'accidentologie ou de la délinquance Ce qui
n'est pas le cas pour les jeunes filles qui, elles, sont valorisées a être calmes et prudentes Cette
socialisation a bien sûr un impact sur la façon dont les individus vont entrer dans les pratiques
sportives, a fortiori I escalade ou l'alpinisme qui incarnent cette prise de risque », commente Cecile
Ottogalli-Mazzacavallo Enc Boutroy, sociologue au laboratoire L-VIS (Universite Lyonl), rappelle
à ce sujet l'exemple éclairant de l'alpiniste Alhson Heargraves qui fit scandale en 1988 en faisant,
enceinte, l'ascension de la face Nord de l'Eiger « Elle faisait face a un double tabou, en tant que
femme et future mère, revendiquant et assumant pourtant cet engagement avec son compagnon La
question du risque et de l'exposition de son intégrité physique est un vrai frein renvoyé en
permanence aux femmes » En 1995, après sa mort au K2, les tabloïds anglais critiqueront de
nouveau cette mère perçue comme indigne, laissant deux enfants orphelins. » Cet article de Philippe
Vouillon paru dans le journal MONTAGNES de juin/juillet 2016 explique parfaitement l'enjeu.
Les femmes évoquées dans ce livre sont de sacrées bonnes femmes ;elles sont prêtes à tout
pour réaliser leur passion. Elles ont un moral de choc qui leur permet d'affronter les situations les
plus difficiles. Elles ont parfois plusieurs métiers comme photographe (), ambassadrice (Gertrude
Bell), conférencière et globe-trotter, cartographe (Fanny BULLOCK WORKMAN), créatrice de
maillots de bain comme Claude KOGAN ou écrivaine comme Elisabeth BURNABY-MAIN-LE
BLOND. Cette dernière s'engagera pendant la première guerre mondiale dans les hôpitaux. Elle
proposera l'aide du Ladies'Alpine club qu'elle a fondé, aux chasseurs alpins intervenant dans les
Vosges. Paula WIESINGER faisait partie de l'équipe nationale italienne de ski en 1930. Elles sont
extraordinaires et nous ressemblent.
Faire fi des conventions a été une qualité élémentaire pour faire de l'alpinisme. Le profil est
aussi varié que possible et si j'ai évoqué une féministe, Fanny BULLOCK WORKMAN- mais aussi
Paula WIESINGER, Gertrude BELL elle, faisait partie d'un parti anti-suffragette anglais. Elles font
souvent l'admiration de leurs compagnons de cordée (Claude KOGAN) par leur sang-froid, leur
absence de peur (Gertrude BELL), leur modestie (Phyllis MUNDAY)ou leur goût de la renommée
(Henriette). Pour en revenir à Fanny qui en 1912 a hissé une affiche pro-suffragettes à 6900 m, elle
a réalisé l'exploit d'être la première femme la plus haute du monde en 1911 gravissant le Pinacle
Peak en Himalaya à 6932 m ; elle en parlait lors de ses conférences pour que les femmes luttent et
acquièrent « une position reconnue dans tous les champs d'activité ». Une autre femme, Phyllis
MUNDAY, alpiniste canadienne a dit aussi : « je ne sais pas ce que les femmes pensent de moi... Si
on aime la montagne, et qu'on est assez robuste et autonome dans une cordée, je ne vois pas quelle
raison empêcherait une femme de faire ça. »
Je ne vous en dis pas davantage. J'espère vous avoir donné envie de découvrir un monde très
particulier mais riche en histoires extraordinaires et les femmes y ont beaucoup contribué tout au
long de ces deux siècles. Comme dans tous les domaines où elles ont pu s'investir et montrer leurs
talents. Mais toujours et encore : « moi, le mâle ne veux pas perdre le pouvoir que je crois avoir sur
vous Mesdames ? » Sauf que les mesdames en question s'en foutent et elles veulent être libres,
LIBRES.
Dernière information, la première femme à avoir atteint le sommet de l'Everest est Junko
TABEI. Cette japonaise a réussi cet exploit en 1975 à 36 ans.
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