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« Faire mieux, encore et toujours ! » une des devises de
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Dessin d'Émile Friant représentant Marie Marvingt et son projet d'ambulance aérienne, 1914. |
Marie Marvingt (1875 – 1963) la 1ère "sportswoman" du
monde qui a enchaîné les exploits.
Marie
Marvingt est une sportive accomplie et qui touche à toutes les disciplines et
ce au début du xxe siècle qui ne connaît alors que les balbutiements du sport
au féminin.
C’est
une pionnière de l’aviation, une alpiniste reconnue, une journaliste, une
infirmière de la Croix-Rouge, une aventurière.
Elle a gagné par son audace de nombreux surnoms, celui de « la fiancée du danger », de « Marie Casse-cou » ou de « la reine de l’air ».
Première à traverser la Mer du Nord par la voie des airs, elle a aussi inventé l’aviation sanitaire !
La légende raconte qu’en 14-18, elle a été fantassin, pilote, chasseur alpin…
Elle a conduit des autos, des locomotives, piloté de montgolfières, des avions, des hélicoptères Un journal américain a écrit : » elle a été la femme la plus extraordinaire depuis Jeanne d’Arc «.
La compétition l’enthousiasme Elle gagne de nombreux prix dans diverses disciplines.
Son
palmarès important ferait presque douter de ses exploits sans les nombreux
témoignages, articles, plus de 3500, et photographies d’époque qui en apportent
la preuve exceptée celle de sa participation aux deux guerres autrement qu’en
tant qu’infirmière.
Son
enfance et sa jeunesse, une sportive née
Marie Marvingt naît en 1875 à Aurillac, dans une
famille bourgeoise originaire de l'est de la France. De ses quatre frères et
soeurs, un seul survit jusqu’à l’âge de dix-neuf ans.
C'est
donc sur Marie que Monsieur Marvingt, sportif dans l'âme, va reporter toute son
ambition. Il veut faire de sa fille une enfant énergique et endurante qui
n'hésitera pas à se lancer dans la compétition y compris sur des terrains
jusqu'alors réservés aux hommes.
Elle
commence, raconte-t-elle, à nager en même temps qu'elle apprend à marcher et à
cinq ans, elle est déjà capable de nager quatre kilomètres !
A
quinze ans, elle réalise son 1er exploit en participant à une course de 400
kilomètres en canoé entre Nancy et Coblence.
À Nancy où elle vit à partir de 1889 après le décès de sa mère, elle s'initie aux arts du cirque, devient une gymnaste accomplie et elle est la première femme à réaliser un saut périlleux sur un cheval.
Elle aime particulièrement le cyclisme, qu’elle va pratiquer toute sa vie et elle scandalise les passants, peu habitués à ce spectacle, quand elle parcourt les rues de la ville à byciclette.
En
plus du sport, Marie étudie la littérature, la médecine et le droit, chose
assez rare pour une jeune femme de son époque et devient infirmière et
assistante de chirurgien. Elle apprend d’autres langues et écrit des poèmes.
Elle dort quatre à cinq heures par jour seulement et prévoit son emploi du temps à l'avance.
C’est
à cette époque qu’elle décide de ne jamais se marier ni d’avoir d’enfants :
“Je serai toujours simplement mademoiselle”, a-t-elle déclaré un jour. “Je ne supporterais pas les liens du mariage, et je ne pense pas qu’un homme me supporterait longtemps. Je suis plus intéressée par l’alpinisme que par la vaisselle”.
En
1899 elle devient l’une des premières femmes titulaires du certificat de
capacité pour conduire des automobiles. L'invention est pourtant toute
récente. Elle participe plus tard à plusieurs courses automobiles dans le Sahara, conduit une locomotive et un bateau à vapeur.
Au
début des années 1900 commence l’incroyable liste de ses exploits sportifs
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Portrait de Marie Marvingt au début du xxe siècle. |
Elle
est la :
Première
femme à escalader la difficile aiguille du Grépon dans les Alpes,
Première
Française à nager les 12 km de la traversée de Paris,
Elle participe à de grandes courses cyclistes entre 1904 et 1906 : Nancy-Bordeaux, Nancy-Milan, Nancy-Toulouse. Les femmes n'étant pas autorisées à porter un pantalon, elle adopte lors de ces courses la jupe-culotte.
En 1907, elle se met au tir et reçoit le prix d'honneur pour tir au fusil à 300 mètres et les Palmes de premier tireur décerné par le ministre de la guerre en personne.
En 1908, elle s'inscrit au Tour de France cycliste mais devant le refus des organisateurs, elle se serait décidée à prendre le départ quelques minutes après celui des hommes et serait parvenue à terminer la course. Une prouesse non homologuée et qui si elle est exacte fait d'elle la seule femme à ce jour à avoir couru le Tour de France avec les hommes, par contre, à part un article publié en 1920, on ne trouve aucune autre preuve.
Après
un détour en Arctique en 1908 pour chasser le phoque, elle se lance dans le ski
et autres sports d'hiver, comme le patinage artistique et de vitesse, la luge
etc... Elle gagne plus de vingt médailles d’or entre 1908 et 1910.
Elle remporte même avec Monique Bouvard la première compétition féminine de bobsleigh.
Et elle trouve encore le temps de pratiquer la boxe, le karaté, le billard, l'escrime, l'athlétisme...... et est l'une des premières femmes à s'adonner à la spéléologie.
Elle est alors décrite comme la première « sportswoman du monde » qui a a obtenu 17 records mondiaux et elle est la seule personne dans l'histoire à remporter la médaille d'or de la Fédération nationale française du sport « Pour tous les sports » décernée en 1910.
Les
journaux n'en reviennent pas :
« Elle ferraille comme d'Artagnan, tire comme un Bas-de-Cuir, monte à
cheval et voltige à rendre des points aux plus célèbres écuyères ».
La
découverte des sports aérien est pour
elle une révélation.
Elle
est la première Française à obtenir son brevet de pilote de ballon libre ou
aérostat en 1901.
Elle
est la première personne – tous genres confondus – à traverser la mer du Nord
en ballon vers l'Angleterre
Elle
est la troisième femme au monde à décrocher son brevet de pilote d’avion
Elle
détient le premier record féminin de durée de vol avec 53 min.
On
lit dans la presse :
« Une aviatrice, Mlle Marie Marvingt, a concouru hier, à Mourmelon, pour la “Coupe Fémina”, Mlle Marvingt, malgré un vent violent et un froid très vif, a tenu l'air pendant cinquante-trois minutes. »
Elle
est la première femme au monde à décrocher les quatre brevets de pilote (ballon
libre, avion, hydravion et hélicoptère).
En
décembre 1910, elle écrit : “Qu’il est délicieux d’être
un oiseau !”.
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Mlle Marvingt au décollage du Grand prix de l'Aéro-Club de France en juin 1910. |
Elle
remporte de nombreuses compétitions et établit des records. Elle accomplit 900
vols sans dégâts
Cette
nouvelle passion lui fait abandonner toutes les autres disciplines, à
l'exception des sports d'hiver.
À
noter un grave accident qui va la retenir bloquée 35 minutes sous la coque de
son appareil en décembre 1913 dans des conditions hivernales et qui lui
provoque une fracture et de nombreuses lacérations au visage.
De
cet accident, elle écrit à un journaliste:
« Une fois de plus je reste la fiancée du danger, mais le mariage n'a
pas été loin... [...] Mon casque était complètement enfoncé dans la terre, mon
visage baignait dans le sang.
Écrasée sous la masse de mon appareil, je respirais difficilement. Heureusement qu'avec ma main gauche, je pus creuser la terre près de ma bouche pour me permettre d'aspirer un peu d'air ? »
Jamais
à court d’idées, elle cherche à développer l'avion-ambulance pour accélérer le
transport des blessés. C’est le projet de sa vie qu’elle transmet en 1909 au
ministère de la Guerre et commande un premier prototype d’avion qui ne verra
pas le jour avant la Première Guerre mondiale.
« J’ai exposé au premier salon de l’aviation, une aquarelle représentant le
tout premier projet d’avion sanitaire. C’était un monoplan biplace pour lequel
j’avais inventé une civière blindée, avec fenêtre en mica, s’adaptant sous le
fuselage, munie d’un matelas à air.
En 1912, j'ai passé commande du tout premier avion sanitaire. Que de
scepticisme, de railleries n'ai-je pas rencontrés lors de cette période
d’incubation !
Mais l’avenir m’a donné raison, et les ailes de charité se multiplient dans
le monde ; 5 000 blessés doivent leur vie aux avions sanitaires. »
Cette
idée, elle va la développer et la peaufiner toute sa vie.
La Première Guerre mondiale met
fin à sa carrière d'aviatrice sportive
Quand J'Etais Petite Fille Mannick
Son
rôle dans la première guerre mondiale, une vraie combattante ? Légende ou
réalité ?
Si
l’on en croit l’histoire de Marie Marvingt telle qu’elle nous est contée par
ceux qui demandent aujourd’hui sa panthéonisation Marie Marvingt au début de la
Première Guerre mondiale, travaille sur le front comme infirmière, jusqu’à ce
qu’elle se fasse passer pour un homme pour combattre dans les tranchées et
qu’on la démasque. Elle obtient alors, l’autorisation de rejoindre les
chasseurs alpins en Italie où elle effectue alors des missions de rapatriement
de soldats blessés, ainsi que des bombardements et en 1915, elle reçoit la
croix de guerre.
A-t-elle
vraiment combattu dans les tranchées ?
Une carte postale de l’époque la montre bien en uniforme et en 2020 lors de l’entrée au Panthéon de Maurice Genevoix le président de la République dans son discours a aussi convoqué le souvenir de « ceux de 14 » et parmi eux, une seule femme : « Marie Marvingt, qui aimait tant son pays qu’elle se déguisa en homme pour combattre en première ligne.»
Preuves
suffisantes ?
Son
biographe Marcel Cordier assure avoir trouvé des documents aux archives
militaires or Guylaine Idoux écrit :
Laure Bouglé, en entendant
le nom sursaute : « Je me suis demandée d’où ça sortait, pourquoi Emmanuel Macron
parlait d’elle au Panthéon... Pour mon mémoire, j’avais fait des recherches sur
cette aviatrice et il m’était clairement apparu qu’il y avait un problème. Je
n’ai retrouvé aucune trace de Marie Marvingt dans les archives militaires.
Pas de trace non plus de sa Croix de guerre.
Des
exagérations ?
Les
exploits de Marie étaient si variés, étonnants et inhabituels qu’il n’est pas
surprenant que la presse ait pu exagérer ses exploits bien réels, ou se soit
trompée sur les faits. Ce qui est incontestable, c’est qu’elle était infirmière
à Nancy, que son hôpital a été bombardé par un zeppelin et qu’elle a conçu une
bicyclette double avec une litière entre les deux socles pour transporter les
blessés.
Sa
carrière de journaliste et conférencière, la transmission de sa passion
Après
la guerre Marie vole rarement devient journaliste et elle se réinvente en conférencière, parlant
d’aviation, de sport, du rôle des femmes dans la société et d’autres sujets
d’actualité, souvent devant des auditoires féminins.
Comme
à BIARRITZ en 1927 -
Mlle Marving vient de donner coup sur coup au Casino Municipal deux conférences remarquables auxquelles assistait un public d'élite et dont le succès a été indiscutable. Dans la première Mile Marvingt parla de l'aviation et tout ce qui touche directement ou indirectement à ce sport de grande envergure si l'on peut dire, dans la seconde elle parla de sciences psychiques.
Elle
va vivre quelques temps au Maroc, où elle est intervient dans des écoles, y
conçoit des skis en métal pour le sable… que l’armée de l’air française
adaptera ensuite aux avions et où elle crée le premier lieu de formation des
infirmières pilotes d'avions sanitaires et reçoit la Médaille de la Paix.
Lorsque la formation est créée en France en 1935, elle devient la première infirmière de vol certifiée au monde et la même année est faite chevalier de la légion d’honneur.
Marie effectue des tournées en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord de 1935 à 1937, inspirant ainsi des générations de jeunes femmes. Partout où elle va, elle parle de l’aviation médicale.
Le quotidien Le Figaro considère que
« L'aviation de tourisme et l'aviation sanitaire n'ont pas de meilleure propagandiste que l'aviatrice française — une des premières aviatrices du monde entier — Mlle Marie Marvingt. Elle accompagne ses conférences de démonstrations de vol.
Au
cours de sa vie, on estime qu'elle a donné plus de 3 000 conférences sur le
sujet et parcouru de nombreux kilomètres.
On
peut lire en, 1926 dans Ève, le journal féminin illustré
Le
beau voyage de Mlle Marvingt
Notre
as des as féminin du sport, j’ai nommé Melle Marvingt, vient de battre ses
propres records au point de vue audace, résistance, courage, énergie.
Cette
femme exceptionnelle, qui ne compte pas, parmi les hommes, beaucoup d'égaux,
vient de rentrer d'un voyage d'études extraordinaire.
Durant
cinquante mois, elle a parcouru l'Afrique du Nord, du Sud Marocain aux confins
de l'Egypte, couvrant 56 144 kilomètres, en empruntant tous modes de locomotion
possibles: avion, automobile, auto blindée, chemin de fer, cheval, mulet,
chameau, voire à pied, quand il le fallut.
Près de 400 fois elle prit la parole devant des publics très divers plaidant en faveur de la cause aéronautique
En 1929, elle co-fonde la Ligue de l’aviation sanitaire, dont elle devient la vice-présidente et organise le premier Congrès international de l'aviation sanitaire.
En 1931, elle crée le Challenge Capitaine Echeman, pour récompenser les concepteurs capables de convertir des avions existants en ambulances aériennes
Elle réalise également deux films documentaires sur l’aviation sanitaire : "Les ailes qui sauvent", tourné en 1934 au Maroc, et plus tard en 1949 "Sauvés par la colombe".
Pendant
la Seconde Guerre mondiale,
elle est infirmière de l’air et dit-on invente un type de suture chirurgicale minimisant le
risque d'infection sur le champ de bataille
En 1949, Marvingt devient officier de la Légion d'honneur
- A la fin de la guerre, Marie a déjà soixante-dix ans et ne touche pas la moindre pension de retraite.
Alerte,
elle continue à pédaler régulièrement, utilisant sa bicyclette, qu'elle a
baptisée la Zéphyrine, pour se déplacer elle raconte en 1958 à la télévision.
« J’aime le vélo par-dessus
tout, parce que cela me donne une action, une activité, et puis ça me rend très
service. Parce que je n’ai pas les moyens de me payer les taxis, et puis… je
les dépasse tous ! »»
A 87 ans, elle aurait effectué le trajet Nancy-Paris à vélo en 6 jours, en pédalant 10 heures par jour.
Elle continue tout de même de recevoir de nombreuses décorations. Elle est d’ailleurs la femme plus décorée de France avec ses 34 médailles.
Malgré son âge avancé, elle continue de se lancer des défis et passe à 84 ans son brevet de pilote d’hélicoptère.
Sa
vie s’achève dans la misère et dans un relatif anonymat en 1963, dans un
hospice de la région de Nancy.
Sans famille immédiate, ses archives sont jetées avant que le musée local ne puisse intervenir.
En
2004, la poste française émet un timbre en son honneur pour son travail sur les
ambulances aériennes. Et quelques rues, écoles et bâtiments portent son nom.
Conclusion
Grâce à la persévérance de Marie Marvingt, l’aviation sanitaire et les Infirmières-médecins Secouristes Pilotes de l’Air ont sauvé, sauvent et sauveront encore de nombreux blessés et malades à travers le monde.
De
surcroît elle a brisé les barrières du genre en s’illustrant dans une multitude
de disciplines ; méticuleusement vérifiées par Françoise Baron.
« Alors que les normes sociales interdisaient aux femmes de faire des efforts physiques intenses, Marie Marvingt s’est battue pour transgresser ces règles. En ce sens, elle a montré la voie aux autres femmes. »
Alors
poilue incognito ou pas ?
Elle
a bien été l’une des pionnières de l’aviation dans les années 1910 et Marie-Catherine
Villatoux écrit :
« J’ai pu vérifier qu’elle
a bien été infirmière de la Croix-Rouge et qu’elle a bien eu la Légion
d’honneur. Elle a aussi eu l’idée de l’aviation sanitaire avant la Grande
Guerre, qui a bouleversé la façon de soigner. Si elle n’a pas réussi à faire
aboutir son projet d’avion-ambulance, elle a fait la promotion du principe
toute sa vie. Là, elle a été parfaite. » « Cela n’ôte rien à ses exploits
sportifs. »
Laissons-lui le mot de la fin
« Les
aviatrices ont donné des preuves de leur capacité aérienne, de leur sang-froid,
de leur endurance et persévérance, de leur qualité d'observateur, de leur
agilité en acrobatie, etc.
Nous avons d'admirables femmes médecins et
chirurgiens, de très compétentes et dévouée infirmières, toutes utilisables
dans l’aviation sanitaire, domaine aérien qui doit devenir par excellence celui
des aviatrices de tous pays. »
Marie Marvingt livre ses secrets pour rester en forme
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