Teresa Claramunt (1862–1931) ouvrière, militante anarcho‐syndicaliste et féministe libertaire catalane.

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« Les femmes ne doivent pas se contenter de pleurer sur leur sort. Elles doivent s'unir, s'organiser et lutter pour leurs droits. La liberté ne se donne pas, elle se conquiert…La femme ne sera vraiment libre que lorsqu'elle sera économiquement indépendante et qu'elle pourra se passer de la tutelle de l'homme…J’invite les ouvrières de Catalogne, d'Espagne et du monde entier à lutter pour être un jour des femmes libres "

Ces mots ont été écrits par :

Teresa Claramunt Creus (1862-1931) la vierge rouge de Barcelone ou la Louise Michel espagnole, comme l’appelait Emma Goldman.

Ouvrière du textile, écrivaine, l'une des fondatrices du mouvement anarchiste espagnol et une pionnière du féminisme anarchiste ouvrier, sa vie se déroule entre prisons et exils, ce qui finit par saper sa santé, mais ne l'a jamais découragée.

« Le chemin vers l'idéal est pavé par les résistances de ceux qui refusent de perdre leurs privilèges, la classe parasitaire, destinée à disparaître avec l'avènement de la société anarchiste. »

Sa Jeunesse

Née en 1862 à Sabadell, au sein d'une famille ouvrière de 5 enfants, on sait peu de choses sur sa vie. Elle reçoit en tant que femme une éducation élémentaire. Son père, un républicain fédéral, lui  transmet des idées de gauche qui se heurtent à la religiosité de sa mère, une femme de grand caractère, dont hérite Teresa qui elle est athée.

Elle surmonte son manque de scolarité en se formant en autodidacte. Federica Montseny militante de la CNT, le syndicat national anarcho-syndicaliste et future ministre de la République écrit :

«Teresa Claramunt est la femme ouvrière qui représente très bien la classe ouvrière : elle est belle, a une voix magnétique, une voix qui attire immédiatement. Elle s'est distinguée comme une figure exceptionnelle de femme ouvrière, sans une grande culture, mais avec une intelligence naturelle».

Elle commence à travailler très jeune dans une usine textile où elle est confrontée aux réalités de l'exploitation ouvrière et prend conscience de la double exploitation que subissent les femmes en tant que femme et ouvrière. 

Engagement dans le Mouvement Ouvrier et Anarchiste - 1883

En 1883 sa rencontre, avec des anarchistes et sa participation, à 21 ans, à la grève des sept semaines qui mobilise plus de 12000 ouvriers, lui permettent de découvrir, la libre pensée et l’anarchisme qui vont l’accompagner le reste de sa vie.

Plus tard elle répond à la question de Francisco Madrid : « Vous êtes devenue anarchiste dès le premier instant ? »

« Oh non ! Même la première fois que j'ai entendu parler de l'anarchisme, j’ai souri ; soupçonnant que tout ce qui était dit était une utopie, mais lorsque j'ai entendu les paroles de Francisco Abayá et Jaime Torrens, j'ai été convaincue et me suis affiliée à l'anarchisme pur".

La grève échoue et l'une des principales raisons est la faible participation des femmes. Ce fait marque profondément Claramunt qui, plus tard dit :

« N'est-il pas vrai, camarades, que vous aimez entendre et parler de révolution sociale ? […] Comment se fait-il que vous soyez ici plus de trois cents à vous appeler anarchistes et que nous soyons si peu nombreuses ? Vous avez tous des femmes, des filles ou des sœurs, alors si vous êtes ce que vous appelez des anarchistes, pourquoi ne les amenez-vous pas dans notre fédération ?

Licenciée elle va être de tous les mouvements de protestation. En 1883 elle cofonde le groupe subversif clandestin appelé Ligue anticléricale Monti Tognetti avec entre autre Antonio Gurri qu'elle épouse civilement en 1884.

Elle a une première fille qui ne vit que quelques mois, Prolétaria Libre, un prénom non catholique comme c’est l’usage à l’époque chez les anarchistes.

Federica Montseny décrit ainsi sa vie :

« Teresa a passé la moitié de sa vie en prison et l'autre moitié sur les routes et les chemins à semer l'idée entre les humbles, les analphabètes, les plus pauvres et les plus démunis. Elle a encore eu le temps, au milieu de cette vie de lutte et de sacrifices incroyables, d’accoucher de cinq enfants, dont aucun n'a vécu, et plusieurs d'entre eux sont nés en prison.

Sa fille, Angelina, naît en 1886. Elle parvient, malgré les épreuves, à concilier son rôle de mère avec son engagement militant et ses convictions anarchistes et féministes.

"Être mère ne signifie pas renoncer à sa liberté. Les femmes doivent pouvoir concilier maternité et engagement social."

Au début de son mariage et avant d’y renoncer, elle utilise le nom de son mari. Elle critique les femmes qui le font et le mariage traditionnel, qu'elle considère comme une institution oppressive qui les enferme dans des rôles domestiques.

"Le mariage, tel qu'il existe aujourd'hui, est une prison pour la femme. Il la prive de sa liberté, de son autonomie et de sa dignité. Les femmes doivent refuser cette servitude et chercher des relations basées sur l'égalité et le respect mutuel."

Elle dit :

"L'égalité entre les sexes n'est pas une utopie, c'est une nécessité. Sans elle, il ne peut y avoir de justice ni de liberté."

Dans ses écrits elle dénonce  la violence domestique. 

"Aucune femme ne devrait subir la violence ou l'humiliation. Nous devons nous lever et dire non à cette barbarie. La violence domestique est un crime qui doit être combattu avec la plus grande fermeté."

La Sección Varia de Trabajadoras Anarco-colectivista y la Sociedad Autónoma de Mujeres de Barcelona - Précurseuse du féminisme - 1884

Une fois mariée, elle arrête de travailler et commence sa vie de militante et de propagandiste anarchiste infatigable, défend les travailleuses et en promeut leur organisation.

À partir de 1884 elle devient l’une des dirigeantes anarchistes de Sabadell, assiste aux réunions de la Fédération des travailleurs et commence à écrire dans les journaux anarchistes auxquels elle collabore toute sa vie et à donner des conférences en dehors de Sabadell où elle mélange la défense des droits des travailleurs avec d'autres idéologies comme l'anticléricalisme et l'émancipation des femmes. Ses qualités d'oratrice et sa détermination enthousiasment les foules.

Elle crée, en 1884, un groupe de femmes nommé Sección Varia de Trabajadoras Anarco-Colectivistas de Sabadell une organisation pionnière dans l'associationnisme féminin à une époque où une grande partie du mouvement ouvrier pensait que la lutte des classes conduirait automatiquement à une égalité totale.

Elle pointe la triple oppression dont les femmes ouvrières sont victimes :

« Compagnonnes, les femmes représentent la moitié de l’humanité. L’autre moitié, unie et instruite, progresse tellement que si nous en avions conscience, nous nous précipiterions pour nous unir à nos frères travailleurs et crier avec eux : “Guerre aux curés et aux jésuites, mort aux exploiteurs et aux tyrans, à bas les frontières et vive la révolution sociale ! »

Les plus urgentes des causes pour elle sont l'union des femmes et leur éducation :

La femme est esclave de l'homme, esclave de la société, esclave de ses propres préjugés. Pour se libérer, elle doit d'abord prendre conscience de ses chaînes, puis les briser par l'éducation et la lutte collective… Les femmes sont les plus exploitées, or elles sont désunies…Nous devons nous unir, pour lutter contre l'exploitation capitaliste, mais aussi pour briser les chaînes du patriarcat qui nous oppriment… L'ignorance est la pire ennemie de la femme. L'éducation est la clé de la liberté… Nous devons exiger le droit à l'éducation pour toutes les femmes, afin qu'elles puissent penser par elles-mêmes et agir en toute indépendance… Nous devons nous soucier de notre sort, lire les livres comme les ouvrages anarchistes, former des classes populaires pour apprendre à discuter et tout ce que nous devons savoir ».

À la fin des années 1880, le couple s’installe à Barcelone. Elle y participe au congrès anarchiste catalan, et doit s’exiler au Portugal avec son mari où ils  collaborent avec des groupes anarchistes du pays.

C'est le début pour elle d'une longue carrière d'évasions, d'exils et de prisons qui contribuent à en faire l'un des grands mythes du mouvement libertaire.

De retour à Barcelone en 1889 Teresa Claramunt n'hésite pas à participer activement à la diffusion et à la défense des idées anarchistes, à un moment où le mouvement est durement réprimé et à organiser des conférences dans les cercles ouvriers, parfois clandestinement car les participants sont poursuivis par la police.

Claramunt lutte toute sa vie pour l'organisation autonome des ouvrières et tente, sans succès, de promouvoir des organisations anarchistes de femmes dans le cadre de l'AIT et de la CNT.

Elle cofonde des organisations féministes non mixtes. L’Agrupación de Trabajadoras, en 1891, la seule clairement anarchiste. Puis la Sociedad Autónoma de Mujeres, la première société féministe espagnole, une première étape vers la création d'associations de travailleuses qui défendent à la fois la lutte sociale et l'émancipation des femmes un héritage qui sera repris par l'organisation féministe Mujeres Libres en 1936, et en 1896 elle crée l'Asociación Libre pensadora de Mujeres.

Ces groupes jouent un rôle crucial dans la mobilisation des femmes ouvrières, qui sont souvent exclues des mouvements syndicaux dominés par les hommes.

« Il existe d'innombrables hommes qui se disent libéraux. Les partis, les plus avancés en politique, ne manquent pas, mais ni les hommes eux-mêmes ni les partis politiques avancés ne se soucient le moins du monde de la dignité de la femme…Femmes, ne vous résignez pas à être des esclaves. Levez-vous, révoltez-vous contre l'injustice et l'oppression. Votre place est dans la lutte, aux côtés des hommes qui combattent pour un monde meilleur…La révolution ne sera pas complète tant que les femmes ne seront pas libres. L'émancipation des travailleurs est indissociable de l'émancipation des femmes.."


Himno de Mujeres Libres - Fanfare Libertaria 



En 1892, elle cofonde le journal *La Tramuntana*, qui devient une plateforme importante pour la diffusion des idées féministes et anarchistes. En 1899 elle publie A la mujer :

" La belle anarchie, cette grande idée rendra justice aux femmes, pour l’anarchie il n’y a ni race, ni couleur, ni sexe.»

Et en 1905, elle publie l'un des premiers pamphlets écrits par une ouvrière sur la condition sociale des femmes : Femme. Considérations générales sur leur statut au regard des prérogatives des hommes. Ses textes influencent de nombreuses femmes de son époque et contribuent à la formation d'un mouvement féministe libertaire en Espagne.

"Dans l'ordre moral, la force se mesure au développement intellectuel, non à la force des poings. Dans ces conditions, pourquoi continuerions-nous à nous appeler le sexe faible ? (...) L'adjectif semble inspirer le mépris, tout au plus la compassion. Non, nous ne voulons pas inspirer de tels sentiments de mépris ; notre dignité d'êtres pensants, de moitié de l'humanité que nous constituons, nous impose de nous intéresser de plus en plus à notre condition en société. Dans l'atelier nous sommes exploités plus que les hommes, dans le foyer domestique nous devons vivre soumises aux caprices du mari tyrannique, qui, du simple fait d'appartenir au sexe fort, croit avoir le droit de devenir le roi de la famille »

Lors de la grève, violemment réprimée, de Sabadell en 1892, Claramunt est emprisonnée pendant plusieurs mois, accusée d'incitation à la révolte et d'avoir participé à des actions subversives.

1893 - Activisme et répression

En 1893 Teresa est incarcérée, à la suite de l'attentat à la bombe du Liceo. Teresa désapprouve de telles actions. Elle affronte pour la première fois la cour martiale :

 

"Comme nous sommes au XIXème siècle et que ce sont des faits auxquels je n'ai pas participé, je n'ai rien à dire devant ce tribunal. Je ne demande ni compassion ni miséricorde, parce que je suis opposée à ce que la classe ouvrière inspire un tel sentiment ".

Le tribunal la condamne à quatre mois de prison et à une amende de 125 pesetas.

Ensuite, les arrestations de Teresa s’enchaînent presque sans interruption : Lors de l’attentat de 1894, puis après celui de la procession de la Fête-Dieu de Barcelone de 1896, où elle est accusée d'être à l'origine de l'attentat, la seule femme, parmi quatre-vingt-quatre hommes. Elle passe un an de prison où elle subit de mauvais traitements qui lui laissent des séquelles pour le reste de sa vie. Elle est séparée de sa fille, Angelina, une épreuve particulièrement douloureuse pour elle. Ses idées se radicalisent, et Teresa va tenir un discours beaucoup plus révolutionnaire et défendre un anarchisme "pur".

Dans une lettre publiée en 1897 elle raconte son arrestation :


« Nous fûmes arrêtés, mon mari et moi, à Camprodon le 14 juillet 1896. Par la suite je fus interrogée par le procureur qui m’avertit que j’aurais beaucoup à souffrir si je persistais à garder le silence sur mes complices… Il me fit ensuite mettre au secret et …je fus conduite à la prison régie par des nonnes…. Toutes les détenues ont un hamac or je dus coucher sur le plancher très humide. Je fus contrainte d’assister aux offices religieux ; j’eus beau manifester que je n’étais point catholique, mes protestations furent vaine … Puis ils me transportèrent au fort de Montjuich … Je fus destinée au cachot n°2 le pire de tous, après le n°0, où l’on torture. Il est obscur, non aéré, petit, humide et sale : au bout de sept jours, mon corps était tout enflé. Pour couchette on me donna une paillasse si sale que je ne pus dormir, elle pullulait de poux et autres insectes… Je fus ensuite transférée au cachot qui sert de chapelle … Je passai ainsi sept mois. Quant vint l’époque du conseil de guerre, je fus un peu mieux traitée…. Je restai dans ce cachot jusqu’à mon départ pour l’exil ».

Reconnue coupable d'aucun crime, elle est punie de déportation et passe deux ans à travailler comme tisserande en France et en Angleterre jusqu'en 1898 où elle retourne à Barcelone et participe à la campagne pour la révision des procès de Montjuïc et aussi aux luttes sociales qui secouent le pays. Elle devient rapidement l'un des personnages les plus populaires et les plus influents de la Barcelone anarchiste de l'époque.

Elle cofonde le journal El Productor et l'utilise, ainsi que ses talents d'oratrice dans des tournées de propagande, pour plaider en faveur de l'unité entre les différents organismes anarchosyndicalistes régionaux. Elle écrit aussi des articles dans le journal anarchiste : La Grève Générale ce que prône Teresa Claramunt, comme stratégie de combat pour renverser l'État et le capitalisme.

En mai 1901 lors de la grève des tramways de Barcelone, elle est internée, avec d'autres militants, dans les soutes du bateau de croisière Pelayo dans le port de Barcelone.

En 1901, elle soutient les 12 000 grésistes du métal et ceux de la grève générale de février 1902. Claramunt Creus joue un rôle important en publiant un article qui stipule que la grève générale ne doit pas être un simple arrêt de travail ou une manifestation pacifique de masse, mais doit être la bataille décisive pour la victoire des travailleurs et elle prononce un discours passionné, où enceinte elle se frappe le ventre, pour tenter de vaincre la résistance des ouvriers qui ne veulent pas faire grève :

« Mon fils ne sera pas un lâche comme toi ! …La masse des ouvriers tremble lorsqu'une voiture roule sur une créature et regarde avec indifférence la mort de plusieurs grévistes de la faim. »

Teresa Claramunt est emprisonnée avec 370 personnes. Après sa libération, elle souffre de problèmes de santé chroniques, notamment de paralysie partielle, qui la handicape jusqu'à la fin de sa vie, où elle se déplace en fauteuil roulant.

Ensuite elle participe à une grande tournée de propagande en Andalousie qui se termine par son arrestation à Ronda et son expulsion de Malaga.

De nouveau arrêtée après les événements de la Semaine tragique de 1909, elle est exilée à Saragosse où elle construit plus ou moins seule le mouvement anarchiste en Aragon et elle joue un rôle de premier plan dans la grève générale de 1911, cinq jours après la fondation de la CNT. Emprisonnée en septembre 1911 sous l'accusation d'« agitateur anarchiste », elle est condamnée à mort et envoyée à la prison des prédicateurs, où sa peine est réduite à trois ans de prison. Ce dernier emprisonnement la rend très malade.

À partir de ce moment, son activité se réduit. Entre 1914 et 1923, Teresa vit à Séville, Saragosse et Barcelone, elle sort de moins en moins mais sa maison devient un centre d'activité. De grandes figures internationales lui rendent visite comme Emma Goldman. Ses conditions économiques sont très précaires et elle vit grâce à la solidarité de ses camarades. Très malade, elle participe à un dernier rassemblement à Barcelone en 1929. 

Elle y meurt en 1931, à la veille de la restauration de la République.

Federica Montseny, qui l’a accompagné dans la dernière période de sa vie raconte l'enterrement :

"Le 14 avril devant tous les centres républicains où nous sommes passés, le drapeau était incliné au passage de l'enterrement, auquel ont assisté plus de 50 000 personnes …C’était une grande manifestation de deuil de la part de tout le monde ouvrier, confédéré et libertaire Sa figure, aujourd'hui oubliée, a exercé une énorme influence, surtout chez les jeunes.... Je me souviens tellement d'elle !

Conclusion - Une Pionnière du Féminisme Anarchiste ouvrier.

Malgré de nombreux emprisonnements, plusieurs exils et même une condamnation à mort, Teresa Claramunt a continué inlassablement son action militante. Elle est l'une des personnes les plus influentes de l'anarchisme catalan au tournant du XXe siècle dans un environnement dominé par les hommes.

Soledad Gustavo écrit :

« 47 ans de prison, d’exil, de travail, de déception, de persécutions et d’amertume ! Quelle grande force d’esprit il faut pour cela ! Pourtant, Teresa ne considérait pas qu’elle avait fait quelque chose d’extraordinaire dans sa vie. Elle devait penser que …la bonté de son idéalisme anarchiste était une récompense suffisante »

Teresa Claramunt est l'une des premières ouvrière espagnole anarcha-féministes aux idées innovantes. Elle parle d’émancipation des femmes, d'amour libre, de sexualité féminine. 

Pour elle, contrairement aux féministes bourgeoises de son époque, la libération des femmes ne peut pas se limiter à des réformes superficielles, comme le droit de vote ou l'accès à l'éducation.

"Les femmes ne doivent pas se contenter d'être des spectatrices dans la lutte sociale. Elles doivent être des actrices, des combattantes, des révolutionnaires…La libération des femmes ne viendra pas d'en haut, mais de leur propre lutte et de leur propre détermination."

Elle considère que, quel que soit leur statut social, toutes les femmes sont des victimes, leur seule issue étant de trouver un mari, et ainsi passer de la domination d'un parent à celle d'un conjoint. Elle n'hésite pas à affirmer qu'il s'agit là de prostitution :

 « Les femmes sont une subalterne de l’homme, de la viande pour son plaisir, du repos pour son travail et de l’obéissance pour sa tyrannie ».

Elle a été une pionnière, car très peu de femmes ouvrières, à son époque, ont pris la parole pour exprimer leurs opinions et ont agi en faveur de la libération des femmes, elle écrit :

« Ni ouvrières exploitées dans les usines ni esclaves à la maison ou à la famille : Pour une société sans maîtres ni seigneurs, communiste et libertaire, d'hommes et de femmes libres ! »

Ses idées et ses actions ont influencé de nombreuses militantes ; laissons-lui le mot de la fin :

 « J'ai arrêté d'être catholique, non pas à cause des méfaits de quelques catholiques, mais parce que, ayant l'usage de la raison, j'ai compris que le catéchisme catholique était très inférieur à ma morale et à mes aspirations et que je serais une athée. Je suis anarchiste parce que je ne pourrais pas être autre chose…Je crois qu'une société plus juste, plus belle, plus humaine est possible, nous l’appelons la société anarchiste, anarchiste ou libertaire, parce ça signifie la non-autorité. C'est pour cela que je suis anarchiste, anarchiste ou libertaire»

 

 Himno anarquista - Viva la Anarquia 

 


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