58 associations de
7 pays
liste ci-jointe
9 mai 2022
Ukraine : le corps des femmes
comme champ de bataille
La guerre permet
l’expression la plus désinhibée de la violence masculine. L’oppression viriliste
et destructrice du patriarcat s’y déploie sans frein. Les femmes et les enfants,
qui en temps dit « de paix » subissent des violences machistes
individuelles, sont alors traité·es globalement comme des objets, des
marchandises, des déchets.
Depuis des années, des opposantes féministes aux
dictatures, telles les FEMEN ukrainiennes, avaient donné l’alerte. Elles
voyaient juste…
Décidée par un Vladimir Poutine obsessionnel de la
virilité, l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022 se poursuit par une
guerre de conquête. Comme en Tchétchénie ou en Syrie, l’armée russe massacre
des civil·es. Elle pilonne des villes et bombarde des lieux abritant des femmes
et des enfants vulnérables, des maternités, des hôpitaux.
Des millions de personnes ont
fui les zones d’Ukraine bombardées : 90 % sont des femmes et des enfants. La
moitié de celles qui ont quitté le pays ont moins de 18 ans.
Violence des armes, violences sexuelles.
Comme dans toutes les guerres,
le corps des femmes est un champ de bataille.
1. Le viol comme arme de guerre
De tout temps, les viols systématiques de femmes et
d’enfants ont été inséparables des guerres. Depuis les années 1990, avec les
conflits dans l’ex-Yougoslavie, le génocide des Tutsis par les Hutus au Rwanda et
les atrocités commises au Kivu, ils sont considérés par la justice internationale comme des crimes de
guerre ou des crimes contre l’humanité.
En Ukraine, comme dans le Donbass depuis 2014, la cruauté délibérée de soldats russes ou tchétchènes exerçant des sévices sexuels relève d’une stratégie
visant à terroriser la population, à la traumatiser durablement, en inscrivant
dans sa chair le viol de la nation : c’est une guerre dans la guerre,
nourrie par la haine des femmes, assimilant dans la même agression le corps de
l’autre et sa terre.
2. Location de ventres et trafic d'enfants
Des reportages ont montré des couples éplorés affluant
en Ukraine pour récupérer leur commande : un·e enfant pas encore sorti·e de
l’utérus loué ; on présente comme des victimes des personnes qui enfreignent
la loi de leur pays, et exploitent la
détresse financière de femmes amenées à louer leur utérus.
La situation d’Ukrainiennes enceintes pour d’autres
est devenue inextricable : l’agence qui a négocié leur mise en relation avec le
couple acheteur étranger leur interdit de quitter le pays, car ce serait une
violation de leur contrat ; si les commanditaires financent leur voyage, ces
femmes vont accoucher dans un pays dont la loi interdit la location de ventres.
3. Trafic de chair fraîche
Dans les gares et aux postes frontières, des proxénètes,
appartenant à des réseaux mafieux ou agissant pour leur propre compte, abusent de
la détresse et de l’épuisement de réfugiées fuyant la guerre. Se mêlant aux
bénévoles qui offrent aide et solidarité, ils proposent transport, hébergement,
emploi à de jeunes femmes démunies, qui sont victimes de racket, d’enlèvement,
de travail forcé, de violences sexuelles, de traite d’êtres humains à des fins
de prostitution ou de pornographie.
Ces criminels s’alignent sur la demande : sur les
sites de rencontres et les sites pornographiques, les recherches ayant pour
mots-clés « femme ukrainienne » se sont multipliées.
4. Accueil dans les pays voisins
Ayant quitté précipitamment leur foyer, des millions
de femmes et d’enfants sont dépourvu·es de tout, et leur survie est entravée
par des traumatismes. Des bénévoles les aident matériellement et
psychologiquement.
D’autres femmes, prises en otages par la guerre, ne
peuvent quitter le pays : elles survivent dans des caves, sont restées
dans des fermes, s’occupent de personnes âgées, de malades, d’enfants.
Des Ukrainiennes enceintes à la suite de viols ne
peuvent avorter en Pologne, où la loi l’interdit ; même si on les y
autorisait, le personnel compétent manque.
Depuis longtemps, des féministes demandent que
soit inscrit dans le droit européen le droit à l’avortement de toutes les
femmes ; c’est aux femmes, et aux femmes seulement, de décider si elles
veulent poursuivre une grossesse.
***
Solidarité féministe internationale
Nous,
féministes universalistes, affirmons notre solidarité avec le peuple ukrainien
victime de l’agression russe, et dénonçons les violences spécifiques dont sont
victimes les femmes et les enfants.
Nous saluons
le courage des résistant·es ukrainien·nes et aussi des Russes qui s’opposent à la
dictature de Vladimir Poutine et à la guerre qu’il mène contre l’Ukraine.
Nous
demandons que tous les moyens diplomatiques soient mis en œuvre pour que cessent
cette guerre et ces atrocités.
Nous
demandons à la justice internationale de punir les crimes de guerre et les
crimes contre l’humanité commis en Ukraine.
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